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Est-il préférable d’emprunter quand les taux d’intérêt sont bas ?
Voix : Chloé Derouen et Pierre-Olivier Beffy
Texte : Chloé Derouen
J’aimerais savoir : Est-il préférable d’emprunter quand les taux d’intérêt sont bas ?
Comment sont fixés les taux d’intérêt des crédits proposés par les banques ? Varient-ils en fonction de la politique monétaire menée par la banque centrale et par les banques ?
Effectivement. Lorsque la politique monétaire est expansionniste, les banques empruntent auprès de la banque centrale à taux bas, autrement dit à moindre coût. Les banques peuvent donc prêter à moindre coût aux ménages et aux entreprises. Mais le taux d’intérêt d’un crédit dépend aussi de la politique commerciale de chaque banque et du profil de l’emprunteur. Lorsque l’on dit que les taux sont bas, on parle d’une moyenne. Ils ne le sont pas forcément pour tout le monde ! Tout dépend de la situation de chacun.
Le taux d’intérêt, c’est aussi la rémunération des dépôts. Quand les taux sont bas, les banques rémunèrent moins bien l’épargne de leurs clients. Ainsi, dans ce cas, il vaut mieux être emprunteur qu’épargnant, j’imagine ?
Le raisonnement est bon, à une nuance près : l’inflation. Emprunter à 4% lorsque l’inflation est de 10% c’est mieux qu’emprunter à 4% lorsque l’inflation est de 1%. Dans le premier cas, le taux d’intérêt est inférieur à l’inflation, donc la rémunération de l’épargne va moins vite que la baisse du pouvoir d’achat due à l’inflation. En fait, ce qui compte dans la décision d’épargner ou d’emprunter, ce n’est pas le taux d’intérêt nominal proposé par la banque mais le taux d’intérêt réel. Ce dernier est égal au taux nominal moins le taux d’inflation et représente le pouvoir d’achat de la monnaie, et donc la quantité de biens et services qui pourraient être achetés plus tard avec les intérêts reçus. Pour reprendre ton raisonnement, on peut dire que des taux réels bas bénéficient aux emprunteurs tandis que des taux réels élevés bénéficient aux épargnants.
Mais si l’inflation augmente, que les taux restent fixes et que mon salaire ne suit pas, d’une part mon pourvoir d’achat baisse. D’autre part, malgré un taux réel qui baisse, le coût de mon crédit par rapport à mes revenus ne baisse pas.
En effet, c’est une dernière subtilité dont il faut tenir compte. Le taux d’intérêt réel est un indicateur du pouvoir d’achat de la monnaie demain. Mais il ne dit rien de notre pouvoir d’achat à nous qui dépend du salaire par rapport à l’inflation ! En général, inflation et hausse des salaires vont de pair à long terme, mais ce n’est pas toujours le cas. Dans le cas d’un emprunt immobilier par exemple, ce qui va donc compter, c’est le taux d’intérêt par rapport à la hausse espérée de nos revenus et pas l’inflation.
Je retiens donc que lorsque l’on prend la décision d’emprunter, il faut tenir compte des taux, de l’évolution des revenus et des prix.