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La BCE a-t-elle maintenu la “stabilité des prix” ?
Voix : Martine Carré-Tallon et Stéphane Déo
J’aimerais savoir : La BCE a-t-elle maintenu la « stabilité des prix » ?
Pour la BCE, on parle souvent de l’objectif de stabilité des prix, mais dans les faits, les prix ne cessent d’augmenter. Pourquoi ?
En effet, l’expression est un peu trompeuse. L’objectif principal de la Banque centrale européenne, la BCE, est défini par l’article 127 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Ce traité ne précise toutefois pas ce qu’il entend par l’expression « stabilité des prix ». La BCE a donc décidé d’adopter une cible d’inflation symétrique autour de 2 %. La BCE a ainsi choisi de cadrer la hausse des prix autour d’un niveau stable et modéré de 2 % d’augmentation par an.
Pourquoi avoir choisi 2 % ?
Une inflation trop basse, voire une déflation lorsque les prix baissent, crée des problèmes pour l’économie et conduit à des pertes de croissance. A l’inverse une inflation trop élevée détruit le pouvoir d’achat et perturbe les repères des prix. Elle peut conduire à une baisse de confiance dans la monnaie ou plus généralement le système monétaire. Le consensus des économistes est qu’une inflation de l’ordre de 2 à 3 % constitue un niveau ni trop bas, ni trop élevé. Même s’il n’y a pas de nombre magique, c’est d’ailleurs le chiffre qui a été retenu par de nombreuses banques centrales dans le monde.
En 2022, l’inflation en Zone euro a atteint un plus haut historique à plus de 10 %. Très loin de cet objectif donc. La BCE a-t-elle décider d’abandonner cette règle ?
La forte inflation de 2022 doit beaucoup à des phénomènes transitoires, notamment aux pénuries liées à la crise de la Covid, à la guerre en Ukraine. Le retour de l’inflation en Europe est donc très récent. Si on regarde l’évolution des prix depuis l’introduction de l’euro en 1999, on obtient une inflation moyenne de 1,5 % sur la période. On peut également remarquer que l’inflation n’avait jamais dépassé 3,5% entre 1999 et 2020. L’épisode actuel est donc une nouveauté pour la BCE qui a connu depuis sa création deux décennies d’inflation modérée.
Donc malgré le rebond qui a suivi la crise sanitaire, la tendance de long terme est toujours à un niveau qui est compatible avec l’objectif de stabilité des prix de la BCE. Mais j’imagine toutefois que la tendance future de l’inflation va faire débat au moment où nous enregistrons ce podcast en 2023 : le régime d’inflation va peut-être changer avec une inflation structurellement plus élevée que les deux dernières décennies face aux risques climatiques et géopolitiques notamment.