Comprendre les relations humaines le podcast
Qu’est-ce que le biais de négativité et comment le combattre ?
L’expression « biais de négativité » vient d’un concept anglophone, the negativity bias. Il s’agit d’une tendance de l’être humain à la négativité plutôt qu’à la neutralité ou la positivité. C’est-à-dire qu’on a tendance à donner plus d’importance et de poids à une information négative, même si elle est, dans les faits, d’importance égale à une autre information qui elle est positive.
Imagine une journée de travail. Pendant cette journée, ta chef t’annonce que le projet sur lequel tu bosses depuis plusieurs semaines doit être abandonné. Tu apprends aussi que le dernier projet sur lequel tu as travaillé a eu beaucoup de succès. Quelle information va avoir le plus d’impact sur toi ?
Le biais de négativité est l’un des nombreux biais cognitif étudiés dans le domaine de la psychologie et des sciences cognitives. D’ailleurs, si on jette un oeil à la liste de ces « préjugés » dont le cerveau humain est victime, on se demande si on peut réellement être capable d’objectivité !
D’où vient cette tendance à la négativité ?
De nombreuses études montrent que notre cerveau a adopté un mécanisme qui fait que nous donnons beaucoup plus d’importance aux mauvaises nouvelles. Elles ont plus d’impact sur nous, on s’en souvient plus longtemps et plus souvent, on leur donne plus de validité.
Ce mécanisme, comme bien d’autres dans le comportement humain, trouve son explication dans l’évolution :
Pendant les millions d’années où l’être humain a évolué, il vivait au sein de la nature, et sa nourriture était constituée de ce qu’il pouvait cueillir et chasser. Son cerveau, le même que nous utilisons aujourd’hui, a donc été « paramétré » pour ce mode de vie, et pour sa survie dans cet environnement. Or c’était une vie remplie de dangers mortels, comme le risque d’être mangé par un tigre.
Daniel Kahneman, psychologue et économiste, nous explique :
« Le cerveau des humains et des autres animaux contient un mécanisme qui est construit de manière à donner la priorité aux mauvaises nouvelles. En réduisant à quelques centièmes de seconde le temps nécessaire à détecter un prédateur, ce circuit améliore l’espérance de vie de l’animal. » (Daniel Kahneman, Thinking, Fast and Slow, p. 301.)
En effet, il était bien plus utile, plus urgent, à un être humain de remarquer la présence d’un prédateur dans un buisson, que de remarquer quelques fruits bien juteux à un arbre … Si je passe à côté des fruits, ce n’est pas très grave, j’en trouverai ailleurs, si je ne vois pas le tigre … game over !
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, nous ne vivons plus dans une jungle, et nous avons un besoin beaucoup plus réduit de ce mécanisme de protection. Il nous sert encore pour éviter une voiture qui arrive à toute vitesse, et … je ne trouve pas d’autre exemple. Non, nos cerveaux ne sont plus adaptés à notre mode de vie d’aujourd’hui. Ce mécanisme est trop souvent devenu un obstacle dans notre volonté d’avoir des relations saines.
Imagine : Le prof qui évalue ses étudiants se souviendra plus des mauvais résultats que des bons. Le chef qui estime la performance de ses employés, aura tendance à être plus conscient des échecs que des succès. L’homme / la femme qui juge le caractère de ses amis, verra plus les défauts que les qualités. Le conjoint qui observe le comportement de son/sa partenaire remarquera plus souvent les critiques que les compliments.
Ça fait un peu peur, non ?