Fréquence Terre

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“Ne plus s’indigner dans son canapé, mais agir contre un système mortifère”

April 06, 2021

En mars 1986 Danielle Mitterrand se lançait dans un combat : celui pour un monde plus solidaire. Soucieuse de changer de monde, elle le voulait plus juste et respectueux du vivant.

35 ans après, c'est à une métamorphose radicale que nous invite la Fondation, qui se réinvente.

* Avec Jérémie Chomette, directeur de la Fondation Danielle Mitterrand.

Pour concrétiser cette utopie, vous vous êtes fixés de nouveaux objectifs et des modes d'actions renouvelés. Le vivant, la citoyenneté, restent toujours présents, mais d'une autre manière.

"On travaillait beaucoup sur la question du droit à l’eau. On va continuer sur les lois mais cela va être beaucoup moins important. On est en train de se concentrer sur les questions du lien entre le droit à l'eau et le droit de l'eau. Il y a des initiatives territoriales où l'on essaie de repenser notre rapport à l'eau, pour que l'élément eau, et tout ce qui le constitue - une rivière, des fleuves - puissent avoir des droits et participer à la vie du territoire. On voit foisonner par exemple des parlements, de la Loire, de la Seine, du Rhône. On va essayer de dialoguer avec les autres espèces vivantes, pour les prendre en compte. Et cela va aussi agir sur le changement climatique, sur l'effondrement de la biodiversité, puisque l'on va repenser notre façon d'envisager le monde. C’est le champ d’un autre rapport aux vivants. C'est notre programme Vivant et communs."

Votre second programme s'intitule Alternatives démocratiques et communs.

"Là, on va s'intéresser aux droits humains en allant plus loin, en se posant la question de, comment faire société sans remettre des rapports de domination. Avec l'État-nation, vous déléguez votre pouvoir à l’Etat une fois tous les 5 ans. Et finalement votre pouvoir vous est ôté. Vous pouvez avoir l’Etat qui rajoute de la domination sur les êtres. Donc, on regarde comment on peut s’extirper de ces modèles qui entraînent la domination des puissants. On s'intéresse beaucoup notamment aux mouvements des communs, au communalisme, à l'autogestion, à ce qui se passe dans les Zad, à ce qui se passe au nord-est de la Syrie. Cela va nous permettre de repenser et d’agir tous ensemble sans rapport de domination. Et il y a aussi la question de l’égalité homme-femme. Ce sont deux grandes entrées. Mais on travaille toujours sur la question de l'eau et des peuples autochtones ou sur le Kurdistan, mais par ces deux entrées."
Rompre avec un système mortifère
2021 n'est pas qu'une année de célébration. C'est aussi la poursuite des actions et le démarrage de nouvelles campagnes. Quels sont les grands rendez-vous de l'année qui vient ?

"On a beaucoup d’événements. Sur la fin de l'année on a deux temps. Un premier qui est ouvert à la société civile : les rencontres “Sans transition, donnons vie aux utopies”. On va essayer de réunir 250 personnes issues de la société civile, des artistes, des universitaires, des représentants du mouvement associatif, des politiques, pour s’interroger sur la situation d’aujourd’hui. Quand on regarde notre système actuel, les accords de Paris, s’ils sont suivis, on arrive à 3,2 degrés de réchauffement climatique à la fin du siècle. Cela nous amène dans une impasse. Aujourd'hui notre système, tel qu’il est, nous amène dans une impasse. L'idée de transition écologique telle qu'elle est pensée par les gouvernants et la plupart de nos structures nous amène dans une impasse. Donc, plutôt que de rester dans un constat et dans la dénonciation, on va essayer de réfléchir ensemble à comment on peut opérer une rupture historique avec ce système mortifère. L'agriculture intensive détruit des sols, elle détruit la vie. L’extractivisme, l’industrie pétrolière, c'est la même chose. Nous aurons deux jours de rencontres pour discuter de cela,