Emission Azimut » Emission Azimut

Emission Azimut » Emission Azimut


« Parcs » de Bertrand Belin: un vertige, face contre terre

January 25, 2014

« Comme souvent dans mes chansons, et sans que ce ne soit décidé par avance, s’installe un réseau d’indices qui finit par donner corps au versant visible d’un drame » : paroles de Bertrand Belin. Après d’excellentes critiques suite à son album « Hypernuit », l’artiste breton tisse un nouveau maillon à son chapelet de poésies sonores avec son quatrième album : « Parcs ». Celui-ci est porté par le titre phare « Un déluge », dont la rythmique soutenue surprend quelque peu l’habitué au calme grave de Belin. L’univers de « Parcs » s’ouvre cependant avec « Comment ça se danse ? », morceau aux arrangements épurés mais envoutants, et la mise en bouche est exquise.

Dans ce nouvel album, ce nomade du quotidien continue à explorer le bas-monde avec des anecdotes de notre espace-temps. Bertrand Belin est toujours aussi terriblement humain que poétique :

« Certains jours, il tombe mal
/> L’hiver
/> Il tombe sur son grand côté
/> Là je vais m’allonger là
/> Dans ce parc fermé
/> Un feu rien qu’à soi
/> Déplier les doigts
/> Ça va ça va ça va ça va
/> Aller (…) ».

Dans « Parcs », il pousse encore plus loin cet horizon lointain dont l’esquisse a débuté dans « Hypernuit ». On retrouve les indices textuels de sa plume : le nous, le tu, le lieu, le déplacement. On retrouve des images, beaucoup d’images dans ses chansons, qui semblent des tableaux pointillistes où notre imaginaire se balade volontiers entre les espaces. On retrouve, encore, son goût pour la répétition de phrases ou de mots banals, et ce jusqu’à la transe de leur sens…

Bertrand Belin, ça vous frôle les os, ça pénètre vos entrailles et vous finissez par murmurer et roucouler ses balades entre les heures mortes, et davantage. Si « Hypernuit » était une perle brute, « Parcs » c’est la perle qui a roulé, qui s’est polie. Et demain ? A l’écoute du calme mais intense enthousiasme qui accompagne son existence, il n’y a pas lieu de s’inquiéter : « Je pense que c’est exceptionnel de se trouver au monde, même si c’est pour observer un muret, un cendrier ou une tasse en grès pendant des heures. C’est quand même une expérience qui a son intérêt, si on le compare, bien-sûr, au fait de ne pas le faire ».

Faites place au vertige Belin, face contre terre.


azimut?d=qj6IDK7rITs azimut?i=kJQIVuGGY9Q:PLFyz2TCQqE:-BTjWOF_DHI