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GUÉRIR LE MAL TOGOLAIS : SE RECONSTRUIRE CULTURELLEMENT*

February 07, 2016

Il faut toujours féliciter un auteur togolais dès lors qu’il tente d’expliquer l’exception togolaise résumée dans le « mal togolais ». Il s’agit de Gilbert Sassou Attisso qui dans son livre « le mal togolais » rappelle une grande majorité de la population a renoncé à l’alternance politique comme facteur de changement. Est-ce un manque de stratégie ? Est-ce la mauvaise qualité des élites qui optent d’abord pour l’argent et ensuite pour la défense des intérêts des populations ? Avec 109 ou 110 partis politiques pour moins de 7 millions d’habitants sans la Diaspora togolaise non recensée, il ne faut pas s’étonner que les stratégies sans unité fondamentale de l’opposition soient vouées à l’échec.
1.    UN ALIGNEMENT ALIMENTAIRE, D’ABORD
La réalité est qu’une majorité des citoyens togolais, face à la contrevérité des urnes et les soutiens des pays occidentaux au régime en place, semble avoir renoncé à une forme de lutte organisée et collectif… Les citoyens y ont substitué une sorte d’alignement communautariste sur « celui qui peut apporter à manger d’abord, aura notre suffrage…. Après on verra » !

13 janvier 1963, soit plus de 53 ans en arrière, le Togo a connu le 1er coup d’Etat en Afrique avec l’assassinat du premier Président élu du pays, Sylvanus Olympio. Pourtant selon Godwin Tété-Adjalogo,  « le mot d’ordre « Ablodé » qui, dès les premières heures de la lutte a motivé et mobilisé les combattants de la liberté, avait pour finalité : la démocratie, la justice et la paix. La démocratie, parce que nous aspirions à une société de partage et de solidarité. La paix, parce que nous voulons créer une nation de non-violence où tous les citoyens se sentirons en sécurité pour participer à l’œuvre de construction nationale ».

Le mal Togolais a donc des racines historiques. Mais le problème de fond réside peut-être plus dans la  conception culturelle du pouvoir autocratique adossé à des réseaux mafieux et militarisés où le partage de la richesse se fait uniquement par celui qui détient le pouvoir. Ce pouvoir s’appuie sur les forces et des pouvoirs de type militaire, juridique avec le contrôle de la justice, des religieux, notamment certains ecclésiastiques, et aussi sur certains cercles ésotériques.

Aussi, il semble que le mal togolais consiste à ne pas vouloir penser la création de la richesse comme la résultante du travail, de la compétence, de la productivité et de l’accumulation de la valeur ajoutée… mais comme un accaparement de richesses existants notamment des matières premières et leurs exploitations en vase clos ou au sein d’un cercle fermé avec comme condition des allégeances.

Il y a manifestement une absence de stratégie collective et un véritable refus de volonté « conscient ou inconscient » de se structurer collectivement. Cela est très caractéristique des partis politiques et leurs nombreux tentatives d’unités qui ont systématiquement foirées, non sans avoir parfois contribués à verser le sang de Togolais et Togolaises innocents.
2.    LA BRUTALITÉ COMME MODE DE GOUVERNANCE DE L’ALIGNEMENT
En réalité, deux camps ont pris en otages le pays. Si Gilbert Attisso met l’accent sur les affrontements entre les courants politiques sur le terrain dans les années 1960 « les Progressistes et les Nationalistes »,  tous ont pris une certaine distance des positions des pays non-alignés qui ont en 1956, -lors de la conférence de Bandung 1956 – proposés de ne pas s’aligner sur l’une ou l’autre grande puissance de l’époque (Etats-Unis et pays occidentaux/Japon d’un côté et l’Union soviétique et ses satellites de l’autre). En réalité, la guerre froide a contribué à faire sauter l’option de la neutralité au point où de nombreux pays africains étaient sous-tutelle indirecte -du fait de la postcolonie-, des pays alignés.


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