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Accord sur la transition au Soudan: « C'est une avancée historique »

August 16, 2019

Après des mois d’incertitude et de graves violences, les généraux du conseil militaire qui dirigent le Soudan et l’Alliance pour la liberté et le changement, fer-de-lance de la contestation, sont parvenus à un accord sous le parrainage des médiateurs de l’Union africaine et de l’Éthiopie. Les deux camps se sont entendus sur un partage du pouvoir au sein du Conseil souverain, l’organe qui dirigera la transition pendant environ trois ans, jusqu’aux élections. L’accord devrait être paraphé avant la fin de la semaine. Le document est en train d’être finalisé sous l’égide du médiateur Mohammed Hacen Ould Lebatt, l’envoyé spécial de l’Union africaine pour ces négociations. Le diplomate mauritanien répond aux questions de Carine Frenk.3'15" - Première diffusion le 09/07/2019
RFI : Cet accord c’est vraiment une chance pour le Soudan, selon vous ?
Mohammed Hacen Ould Lebatt : Je pense que c’est une avancée historique parce que le fait de pouvoir ramener les parties à la table de négociation et que les deux forces adoptent un accord consensuel a été quelque chose qui n’était pas facile, vous le comprenez bien, et donc c’est quelque chose de très important.
Si cet accord est bien parafé, ce sont d’abord les militaires qui vont présider la transition pendant 21 mois avant que les civils ne prennent la relève pour les 18 mois restants. Comment s’assurer que le conseil militaire respectera ses engagements ?
D’abord, c’est un accord équilibré, ça, c’est la première chose. Deuxièmement, c’est un accord qui fait une part raisonnable à chacune des forces. Les militaires ont déclaré qu’ils ne veulent absolument pas rester au pouvoir au-delà de la période de transition. Dans l’accord, je ne divulgue pas un secret, il est clairement stipulé que ceux qui participent à des organes de la transition ne pourraient se représenter aux élections présidentielles ni aux élections législatives et cela s’applique évidemment aux membres militaires du Conseil de souveraineté. Je crois que le respect de tout accord, ce n’est pas celui-ci, seulement, dépend de la volonté des parties, si les parties ont la volonté de s’entendent, et d’exécuter ce qu’elles ont convenu et il le sera. Si la volonté n’existe pas, quels que soient les garanties et les intervenants, les observateurs et les témoins, cela ne ferait rien du tout. Je pense aujourd’hui que, et c’est ce que je constate en interagissant avec les acteurs depuis plus de deux mois, les parties ont réellement la volonté de s’engager dans un accord qu’ils ont l’intention d’appliquer.
Mais ils peuvent aussi avoir un double discours ?
Tout peut arriver en politique. Vous savez très bien qu’il n’y a de solution tout à fait définitive, ce n’est pas moi qui l’ai inventé. Évidemment aussi, il faut que l’environnement international et des forces internationales qui soient engagés pour succéder la transition s’abstiennent de tout comportement aussi et de tout discours qui pourrait encourager les parties à se retirer de l’accord.
Vous travaillez en ce moment à la rédaction définitive du document, est-ce que tout peut capoter ?
Tant que l’accord n’est pas définitivement signé, il y a toujours des risques. Depuis deux jours, on discute. Les parties divergent même s’ils ne sont pas chargés de renégocier ceci ou cela, ils sont chargés de rédiger de manière technique : il faut savoir les sections, il faut savoir les chapitres, il faut savoir les paragraphes, il faut savoir les articles, il faut savoir ce qui va se mettre en tête, ce qui va se mettre en fin, vous savez, les juristes sont des pinailleurs. Même si je vais partie de cette famille, je ne vois pas quelque chose qui par principe pourrait faire capoter l’accord, pas encore. Je sors de la réunion d’experts de haut niveau qui est chargé de finaliser, dont les parties m’ont confié la présidence donc nous allons envisager toutes les hypothèses qui pourraient venir et les complications pour les éviter.
Le diable est parfois dans les détails ?
Oui, les Anglais le disent, moi